jeudi 26 mars 2009

Le général Gauthier, doyen des généraux haut-marnais

Etienne Gauthier est né à Balesme-sur-Marne, aux sources de la Marne, près de Langres, le 11 août 1761. Il est le fils de François, laboureur, et de Catherine Testet. A 20 ans, le 22 mars 1782, il s’engage au régiment d’Auvergne. Avec ce corps (futur 17e RI), il sert en mer, à la Martinique, sous Grasse, durant les deux premières années de son service. Son congé intervient le 22 mars 1790.
Deux ans plus tard, le 15 octobre 1792, il passe capitaine au 2e bataillon de volontaires de la République, dont il commande la 2e compagnie. Selon Chassin (« Les volontaires nationaux »), il exerçait alors la profession de coordonnier. Jusqu’en 1796, il sert dans les armées du Rhin, de l’Ouest, de Rhin-et-Moselle. Le 22 octobre 1796, Gauthier rejoint la 64e demi-brigade de l’armée d’Angleterre, puis deux ans plus tard l’armée de Mayence. Il sert à l’armée du Rhin lorsqu’il est promu chef de bataillon le 25 juillet 1800.
De 1803 à 1807, il est au camp de Boulogne. Le Haut-Marnais ne serait donc pas à Austerlitz (deux bataillons du 64e servent toutefois en Autriche au sein de la division Gazan), ni à Iéna, ni à Eylau. Le 13 septembre 1808, à 47 ans, il succède à Antoine Lafond comme colonel du 120e de ligne, créé la même année à partir des 17e et 18e régiments provisoires d’infanterie.
Dès lors, Gauthier va se battre continuellement dans la péninsule ibérique (le 120e aura sur ses drapeaux les noms de batailles de Medina del Rio Secco, Santander, Les Arapiles, Toulouse). Il sert dans la division Bonet du 2e corps de l’armée d’Espagne, dont les 119e et 120e de ligne tiennent Santander et Saint-Vincent, en janvier 1809. Bonnet rapporte au maréchal Jourdan (le 12 juin 1809) que la marche d’un parti sur Saint-Vincent l’a obligé à détacher, sous Gauthier, deux bataillons du 120e ayant pour objectif d’ « exterminer les partisans qui menaçaient (ses) derrières à Santander. » Le général précise que toutes les positions entre le Pont d’Ariès et Santander sont alors attaquées à la baïonnette, et le 11 juin 1809 à minuit, deux bataillons du 120e entrent dans Santander, où ils rencontrent une farouche résistance. Bonnet parle de « deux heures de carnage ». L’année suivante, toujours avec le 120e, le Haut-Marnais est blessé au pied droit et à la cuisse gauche, par trois balles, à Fresno, le 6 septembre 1810 – combat distinct des affaires ultérieures de Fresno marquées par les succès du général Valleteaux. Quelques semaines plus tard, il est fait officier de la Légion d’honneur.
C’est le 7 février 1812 – un mois auparavant, il servait dans la 1ère brigade de la division Bonnet de l’armée du Nord - qu’il obtient les étoiles de général de brigade. A 50 ans et demi, c’est – au moment de sa promotion - le doyen des généraux haut-marnais de l’Empire. Gauthier est brigadier dans la 8e division Bonet – il commande six bataillons des 118e et 120e de ligne - de l’armée du Portugal qui, sous Marmont, est défaite aux Arapiles. Il se bat ensuite à Pancorvo le 24 septembre 1812.
Puis on le retrouve au sein de la division Maucune (la 5e, selon l’ordre de bataille de l’armée du Portugal) de la même année : il remporte un succès à Monasterio le 19 octobre 1812, puis enlève le pont de Triguéros le 25 octobre.
En 1813, il est dans la 8e division de l’armée, puis dans la 6e au 30 avril. Il commande les 118e et 119e de ligne de la division Lamartinière à Vitoria. On le retrouve à la tête de la 1ère brigade de la 9e division de l’armée du Midi le 16 juillet 1813 (mais selon un précis des campagnes de la péninsule, il commande la 2e brigade, composée des 120e et 122e de ligne, de la division Lamartinière lorsque par le col de Belate puis le col de Maya, il se replie en France). Baron d’Empire (11 novembre 1813), il combat sur la Nive le 9 décembre 1813.
Le général Gauthier fait alors partie des troupes d’Espagne dirigées sur l’armée dite de Champagne le 22 janvier 1814 – il ne se bat donc pas à Orthez où lutte son cher 120e régiment et où le capitaine François est blessé : il est affecté le 7 février au 7e corps du maréchal Oudinot, commandant une brigade de la division Pierre Boyer (ex-9e de l’armée des Pyrénées). Six jours plus tard, il se bat dans la région de Bray-sur-Seine. Selon Guillaume de Vaudoncourt (« Histoire des campagnes de 1814 et 1815 », p. 359-360), Gauthier est envoyé par Oudinot avec environ 1 000 hommes et trois canons pour reprendre Luistenaines qui vient d’être occupé par les Bavarois. Le combat qui s’engage permet de reprendre la moitié du village, mais l’arrivée en renfort d’un bataillon et de quatre canons envoyés par le général de Wrède entraîne la perte de Luistenaines. Gauthier est grièvement blessé, d’un coup de feu à la tête. Pour l’enfant de Balesme, soigné à Paris, c’est la fin de la campagne.
Placé en non activité à Tours le 1er septembre 1814, chevalier de Saint-Louis le 25 octobre, il commande, aux cent-jours, la ville, le château et l’arrondissement de Saumur (25 mai 1815). Retraité le 6 octobre, il décède à Tours le 19 avril 1826.
On a écrit, à tort, que le nom d’Etienne Gauthier figurait sur l’Arc de Triomphe. La confusion vient que plusieurs généraux d’Empire ont porté ce nom : Jean-Joseph Gauthier (1767-1815), né à Septmoncel (Jura), colonel du 37e de ligne, général de brigade, mortellement blessé à Waterloo ; Jean-Pierre Gauthier (1765-1821), né également à Septmoncel, colonel du 25e dragons, général de brigade (1813) ; Nicolas-Hyacinthe Gautier (1774-1809), né en Bretagne, général de brigade, chef d’état-major du 2e corps, mortellement blessé à Wagram.

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