dimanche 22 mars 2009

Henry Cournault : lieutenant-colonel à 31 ans

Encore un officier supérieur du génie méconnu (1). Non pas Bragard, mais Langrois : Henry Cournault, né le 11 janvier 1783, fils de François, conseiller juge magistrat au bailliage et siège présidial à Langres, et de Claudette Guillaume.
Entré à l’école polytechnique en l’an VII (21 décembre 1798), après être passé par l'école centrale de Dijon, il en sort deux ans plus tard pour rejoindre l’école d’application du génie à Metz : il est sous-lieutenant dans la 3e compagnie de mineurs le 22 décembre de cette année, puis lieutenant le 1er nivôse an X (21 décembre 1801), enfin capitaine le 27 frimaire an XII (18 décembre 1803), à l’âge de 20 ans - ou le 22 décembre 1804, selon son dossier de la Légion d'honneur.
Cournault occupe d'abord la fonction de commandant du génie du département de la Haute-Marne, puis est affecté (à compter du 1er janvier 1807) à la place de Porto Longone, dans l’île d’Elbe, à celle de Castel Novo (Dalmatie), à la division Clauzel de l'armée de Dalmatie, en Illyrie.
En 1808, il se bat contre les insurgés monténégrins, puis l'année suivante, il prend part notamment aux batailles de Wagram et Znaïm.
L’almanach impérial de 1810 le situe ensuite capitaine en Dalmatie, puis, le 8 novembre 1811, il est affecté à la personne du général Kirgener (commandant du génie de la Garde) comme aide de camp. C’est à ce titre qu’il prend part à la campagne de Russie, puis à celle de Saxe : son dossier de la Légion d'honneur fait état de sa présence aux batailles de Vitebsk, Smolensk, La Moskowa, La Berezina, Krasnoe, puis Lutzen, Bautzen (il est promu chef de bataillon le 26 mai 1813), Dresde, Leipzig, Hanau. Entretemps, après la mort du général Kirgener, Cournault a retrouvé son arme. A noter que selon Auguste Salmon, dans la livraison de 1869 de l’Académie impériale de Metz, le Langrois aurait été l’un des premiers soldats français à mettre le pied sur la rive droite du Niémen, le 23 juin 1812, et qu'il aurait été choisi pour transcrire des ordres de l’empereur durant la retraite.
Ayant commandé le génie à Vartzbourg, il se bat à Ocheim, près de Mayence, puis près de Châlons, à Provins, à Nangis, à Montereau, à Arcis-sur-Aube, à Saint-Dizier (dans son département natal), au sein du génie du 11e corps (maréchal Macdonald), où il était chef d'état-major du général Valazé. C'est lui qui a été chargé de détruire le pont d'Arcis.
C’est à la chute de l’Empire, le 5 avril 1814, que Napoléon le promeut major (lieutenant-colonel), à l’âge de 31 ans. Grade qui sera confirmé le 23 juillet 1814.
S’il n’a pas suivi Napoléon à l’île d’Elbe pour y commander le génie (il aurait refusé cette offre de l’empereur, selon André Pons de l’Hérault, auteur de « Souvenirs et anecdotes »), il sert durant les Cent-Jours à la direction du génie de la place de Belfort, avant de poursuivre sa carrière sous la Restauration.
Chevalier de Saint-Louis depuis 1817, le lieutenant-colonel Cournault est l’auteur d’un célèbre « Mémoire sur la défense de la France par les places fortes ». En poste à Saint-Quentin, en 1822, il prend comme colonel le commandement du 2e régiment du génie en 1830. Directeur des fortifications du Havre, il sollicite sa retraite vers 1837. Retiré à Toul, ce membre de la Légion d’honneur y exerce la fonction de conseiller municipal. Décédé le 26 février 1856, il est le père du peintre Charles Cournault, né à Langres en 1815 (placé en non activité, l’officier a dû retrouver sa ville natale durant la Première Restauration), futur conservateur du musée lorrain.
A noter encore que Cournault est, avec Chulliot de Ploozen (autre officier du génie qui se retirera dans la cité natale de Diderot), l’auteur de propositions sur la défense de Langres.

(1) Nos sources sont pratiquement les mêmes que celles qui nous ont permis de brosser la carrière d’autres officiers du génie (Vainsot, les frères Marcellot, Quilliard…)

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