lundi 14 juillet 2008

Hommage aux chirurgiens

Il est assez étonnant de constater combien la Haute-Marne, petit département d’un peu plus de 230 000 âmes à l’époque, a donné naissance à des hommes qui se sont distingués dans l’exercice de la chirurgie militaire. Deux, par exemple, figuraient parmi les proches collaborateurs de l’illustre et estimable baron Larrey, chirurgien en chef de la Garde impériale : Champion et Zinck.
Le premier, prénommé Jean-Pierre-Joseph-Eloi, est lui-même fils de chirurgien. Il a vu le jour à Bourmont en 1783. Considéré comme un « sujet distingué » par Larrey dont il était l’élève, Champion était chirurgien en chef de l’ambulance de la Garde en Espagne, avant de servir à Waterloo. Chirurgien-major, il a été placé en demi-solde à Bourmont. Le second, François-Joseph Zinck, est né à Dommartin-le-Saint-Père en 1776. En service dans les armées révolutionnaires, il paraît avoir été secrétaire de Dominique Larrey en Egypte. Sous l’Empire, on retrouvera ce membre de la Légion d’honneur chirurgien-major du 1er régiment de conscrits-chasseurs de la Garde, puis du 3e régiment de voltigeurs de ce corps (avec pour aide-major Larrey le jeune). Comme son compatriote Champion, il sera à Waterloo. Sous la Restauration, Zinck sera chirurgien en chef de l’hôpital de Givet, puis de celui de Rocroi, avant de participer au siège d’Anvers en 1832.
Champion et Zinck ne sont pas des exceptions. Parmi les chirurgiens haut-marnais qui se distinguent sous l’Empire, citons Nicolas-Charles-François Vanderbach, né à Autreville-sur-la-Renne le 29 mars 1774. Fils de Nicolas, « chirurgien juré » dans cette commune du canton de Juzennecourt, il est un de ces soldats de l’an II que l’on retrouvera chirurgien-major du 15e régiment de cavalerie puis du 9e léger. Blessé à Marengo (1800), membre de la Légion d’honneur (an XII), il était lors de la campagne de Prusse (1806) en charge du service de santé de la division du fameux général Dupont (de l’Etang), futur vaincu de Baylen. Blessé du côté de Madrid fin 1808 puis à Chiclana (là où son compatriote, le général de brigade Pierre-Guillaume Chaudron-Rousseau, de Bourbonne-les-Bains, a trouvé la mort), Vanderbach s’était rendu illustre en portant secours à des militaires français évadés d’un ponton où ils étaient captifs, en 1810. On le retrouvera lui aussi en poste à Rocroi (comme Zinck) et à Thionville, et décédera à Nîmes à la veille du Second Empire. Il avait un frère, Claude-Edme, né en 1771 à Autreville, chirurgien aide-major dans un régiment d’infanterie de ligne, mort fin 1809 à Gratz.
Que dire de François-Bernard Bocquenet, né à Coiffy-le-Haut en 1760, membre de la Légion d’honneur en février 1814, l’un des rares chirurgiens principaux de l’armée sous la Restauration, et surtout de Michel-Georges Maladière-Montécot, né à Langres en 1793, frère d’officier de la garde nationale, chirurgien sous-aide de 1812 à 1815. Lui qui a servi notamment en Saxe exercera l’art de la médecine dans sa ville natale où il recevra la médaille de Sainte-Hélène et où, sans doute l’ultime vétéran haut-marnais de cette distinction, il décédera en 1891 (un an après la naissance du général de Gaulle !), à l’âge de 98 ans !

Au cours de nos recherches, nous avons croisé le parcours de plusieurs chirurgiens (ou médecins) nés en Haute-Marne, dont voici un recensement non exhaustif :

- Charles-Nicolas Antoine, né à Vaux-su-Blaise en 1791, nommé le 27 mars 1809 chirurgien sous-aide à l’armée du Rhin (il exerce à Vienne), puis en Espagne (il est, en 1813, au 88e régiment de ligne) ;
- Nicolas-Alexis Baltazard, né en 1795, entré en service le 26 août 1813, chirurgien sous-aide, jusqu’en août 1815, MSH à Saint-Dizier, mort dans cette ville en 1870 ;
- Nicolas Barbier, né à Ravennefontaine en 1792, commissionné par le ministère de la Guerre le 28 juillet 1811 pour servir au 1er bataillon des militaires étrangers comme chirurgien sous-aide. On le retrouvera notamment au 3e régiment étranger, en Hollande (1813), à Anvers (1814), rentrant dans ses foyers le 1er janvier 1815, placé en demi-solde, MSH à Pouilly-en-Bassigny ;
- Augustin-Napoléon Cagnion, né à Perthes en 1785, qui sert de 1812 à 1815, comme chirurgien sous-aide, au 1er régiment de cuirassiers (1813), MSH à Perthes ;
- Pierre-François Catel, né vers 1787, originaire de Lappy (Meuse), entré en service en 1809 comme sergent-major dans la garde nationale de la Meuse, établi à Saint-Dizier où il est sous la surveillance des autorités durant la Restauration, MSH, mort à Saint-Dizier en 1874 ;
- Louis-Jacques Davenet, né à Châteauvillain en 1791, nommé le 11 avril 1809 chirurgien sous-aide à l’armée d’Allemagne puis à l’armée du Portugal, mort à Salamanque en 1811 ;
- Charles-Pierre-Nicolas Des Etangs, qui naît en 1794 et sert à compter du 20 février 1813 comme chirurgien sous-aide. Nommé chirurgien aide-major le 13 juillet 1813, prenant part au siège de Magdebourg, il était maire de Ceffonds lorsqu’il a reçu la MSH ;
- Pierre Grandjean, né en 1791, de Wassy, conscrit de la classe 1811 exempté comme chirurgien sous-aide. Il sert de juillet 1809 à août 1815 (notamment à Vienne), comme aide-major au 22e chasseurs à cheval, MSH ;
- Jean-Auguste Guillaume, né en 1795, en service de février à août 1814 comme chirurgien sous-aide d’hôpital, MSH à Joinville ;
- Joseph Joubert, membre de la Légion d’honneur (1806), chirurgien-major du 24e RD, retiré à Nogent :
- Jean-Pierre-Joseph Millière, né à Joinville en 1767, membre de la Légion d’honneur, retraité sous l’Empire puis chirurgien-major du 1er régiment de la Haute-Marne (1813) ;
- Jean-Baptiste-Nicolas Mougeot, né à Beurville en 1787, mort à Chaumont en 1849, étudiant à Paris et Strasbourg, médecin-major dans la Grande Armée, fait prisonnier et interné en Russie, futur maire de Chaumont ;
- Pierre Olivier, chirurgien aide-major du 2e bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne aux Cent-Jours ;
- Antoine-Augustin Pissot, né en 1785, de Wassy, en service de 1805 à 1815, chirurgien aide-major au 7e dragons, puis au 2e régiment des gardes d'honneur, MSH ;
- Jean-Baptiste Raulin, d’Eurville, qui a rejoint comme chirurgien le 1er bataillon de la garde nationale de la Haute-Marne du côté d’Ostende en 1809…

Chapeau bas devant ces hommes qui ont bravé le feu ennemi pour porter secours aux blessés…

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